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ABUJA … Le compte à rebours s'approche de zéro : la dracunculose est sur le point d'être éliminée. L'ancien Président américain Jimmy Carter a aide le Programme mondial d'éradication de la dracunculose à faire un autre grand pas en avant. En effet, aujourd'hui quatre nouveaux pays qui ont mis fin à la transmission de la dracunculose en 2007 ont été à l'honneur lors d'une cérémonie spéciale. L'Ethiopie, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso et le Togo sont venus se joindre à 11 autres pays qui ont indiqué qu'ils avaient mis fin à l'infection parasitaire. Autant de réussites qui sont le point culminant d'une année triomphante dans la marche contre le ver de Guinée : d'après les experts, il existe moins de 10 000 cas, seuil le plus faible noté dans notre combat de 22 ans. Seuls subsistent cinq pays d'endémicité dont chacun devra endiguer chaque cas de dracunculose pour que puisse être déclarée la victoire finale.
Les dirigeants mondiaux de la campagne d'éradication de la dracunculose, le Président du Mali Amadou Toumani Touré et l'ancien chef d'état Général (Dr.) Yakubu Gowon se sont joints au Président Carter, mardi le 2 avril 2008, à Abuja au Nigeria pour célébrer de tels accomplissements. Fut un temps où cette maladie parasitaire incapacitante qui cause tant de douleurs et de misère affligeait des millions de personnes en Afrique et en Asie.
« La victoire que nous célébrons ce soir, nous la devons au zèle de nos dirigeants, aux efforts dévoués de nos agents de santé et volontaires et à la vigilance des villageois qui cherchent à endiguer chaque cas. » fait savoir le Président Carter, Fondateur du Centre Carter et Lauréat du Prix Nobel de 2002, lors d'une cérémonie spéciale de remise de prix et réception pour les pays. «Cette réussite histoire de la campagne contre la dracunculose cette année nous donne grand espoir à moi-même et à Rosalynn de voir de notre vivant cette terrible maladie reléguer à jamais dans les livres d'histoire »
Lors de la cérémonie, le Président Carter, l'ancienne Première Dame Rosalynn Carter, le Dr Donald R. Hopkins, Vice Président des programmes de santé pour le Centre Carter et le Dr Ernesto Ruiz-Tiben, Directeur du Programme d'éradication de la dracunculose du Centre ont présenté aux représentants du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, de l'Ethiopie et du Togo une sculpture taillée à la main où est inscrite l'année pendant laquelle le pays a mis fin à la transmission de la dracunculose. Ces pays viennent se joindre aux rangs du Bénin, de la Mauritanie, de l'Ouganda, de la République centrafricaine, du Cameroun, du Tchad, de l'Inde, du Kenya, du Pakistan, du Sénégal et du Yémen, tous ayant atteint ce jalon notable. Seuls cinq pays où la maladie est encore endémique, tous en Afrique, devraient arriver à mettre fin à la transmission d'ici la fin de la décennie.
La campagne mondiale a poussé le ver dans ses derniers retranchements. Le nombre de cas dans le monde a reculé de plus de 99,7% : passant d'après les estimations de 3,5 millions en 1986 à 9 587 cas * en 2007. Outre les quatre pays qui ont mis à la transmission en 2006, plusieurs autres ont atteint des buts importantes : le Niger a notifié 11 cas * seulement en 2007 et le Nigeria seulement 73* en 2007, progrès spectaculaire pour un pays qui avait connu par le passé le taux d'endémicité le plus élevé au monde. On s'attend à ce que les deux pays éliminent la maladie cette année. La dracunculose est la seconde maladie dans l'histoire humaine qui aura été éradiquée sans médicament et sans vaccin.
La dracunculose est une maladie parasitaire qui nous vient des temps anciens, affligeant les personnes qui vivent dans des communautés pauvres et reculées. Les gens contractent la maladie en buvant de l'eau contaminée par les larves infectieuses. Après une année, un ver d'un mètre de long émerge lentement du corps par une ampoule qu'il ouvre dans la peau. C'est une véritable torture pour celui ou celle qui le vit. Les enfants qui souffrent de la dracunculose ne peuvent plus fréquenter l'école car eux aussi comme les autres victimes sont invalidées pendant deux mois une fois que le ver commence à sortir. Les communautés manque de vivres lorsque les habitants ne peuvent plus travailler les champs.
Pays à l'honneur
Le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, l'Ethiopie et le Togo sont parmi les derniers pays qui ont éradiqué la dracunculose puisqu'ils ont mis fin à sa transmission pendant 12 mois consécutifs ou plus. C'est grâce à la supervision constante des activités de surveillance dans les villages, à l'éducation sanitaire, de la distribution de filtres en nylon gratuits, du traitement avec le larvicide ABATE ® (don de la Corporation BASF) et de l'approvisionnement en eau de boisson salubre que les pays ont remporté cette victoire historique en 2007.
En 1990, le gouvernement du Burkina Faso mettait en place son Programme national d'éradication de la dracunculose et faisait une recherche village par village sur l'ensemble du pays, dépistant ainsi 42 187 cas dans 2626 villages. Bien des obstacles se sont érigés pour ce pays dans sa marche pour l'élimination de la maladie dont l'inaccessibilité de certains villages d'endémicité suite au mauvais état des routes pendant la saison des pluies – saison de transmission pic pour le ver de Guinée dans le pays. Et pourtant en novembre 2006, le pays notifiait son dernier cas de dracunculose dans le village de Tondia-Kangue.
Lorsque la Côte d'Ivoire a mené sa première recherche de cas à l'échelle nationale en 1991, il existait 12 690 cas dans 503 villageois ivoiriens. La longue instabilité politique dans le sillon de la guerre civile qui a éclaté en septembre 2002 a freiné le pays dans sa lutte contre la dracunculose ne l'empêchant pourtant pas de notifier son dernier cas autochtone en septembre 2006 dans le village de Lendoukro grâce aux interventions systématiques contre la transmission de la maladie.
Le Ministère de la Santé en Ethiopie a mis sur pied son Programme national d'éradication de la dracunculose en 1993 avec l'assistance du Centre Carter et a fait une recherche de cas, village par village, sur l'ensemble du pays durant laquelle ont été notifiés 1 120 cas dans 99 villages dans le Sud-Est du pays. Depuis 1996, le pays a également adopté un système de récompense dans les régions d'endémicité vérifiant ainsi que chaque cas est dépisté et notifié. Grâce aux efforts ardus et au dévouement d'un si grand nombre, le pays a notifié son dernier cas dans la ville de Gambella de la Région de Gambella en juin 2006.
Recoupant six régions géographiques différentes et abritant 37 groupes ethniques différents, le Togo est une nation d'une grande diversité aux moult problèmes de santé partagés par ses habitants. En 1992, le Programme d'éradication de la dracunculose du Togo a réalisé sa première recherche nationale de cas découvrant 8 179 cas dans 584 villages. Durant son effort d'éradication de 15 ans, le programme a utilisé toute une panoplie de stratégies d'éducation sanitaire, étroite surveillance, supervision constante et autres interventions. Autant d'efforts couronnés de succès lorsqu'en décembre 2006, le programme proclamait son dernier cas dans le village de Kpégno Agoromé.
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